DataSud, Environnement, Spatial  |   Publié le 13 novembre 2020

Représentation du Mercantour par les données, avant et après la tempête Alex d’octobre 2020

En France, le risque d’inondation est le premier risque naturel par l’importance des dommages qu’il provoque, le nombre de communes concernées, l’étendue des zones inondables et les populations résidant dans ces zones. ( source Georisque)

Les violentes intempéries qui ont frappé les vallées de la Vésubie, de la Roya et de la Tinée dans le Haut Pays des Alpes-Maritimes le 2 octobre 2020,  ont naturellement fait la « Une » de l’actualité et des médias. Et pour alimenter les rédactions, les besoins en informations fiables prédominent, d’où l’importance de rendre disponible des données de référence.

Tout d’abord, des données météorologiques ont été communiquées pour expliquer ces inondations : Toutes les caractéristiques d’une crue rapide et torrentielle sont réunies sur cette zone de relief avec des rafales de vent de plus de 180 km et des pluies intenses (300 litres d’eau /m²), équivalentes à trois mois de pluie qui sont tombées en moins de 10h. Un fort accroissement de la vitesse d’écoulement des eaux des fleuves de la Roya et de la Vésubie a provoqué une très rapide montée de la hauteur des cours d’eau (A Breil-sur-Roya, 1200m3 d’eau / seconde ont été enregistrés).

Avec le transport d’éléments solides par le courant, transformé en torrent de boue (sédiments, galets, rochers, bois morts et débris divers), des matériaux se sont accumulés en amont des passages étroits, formant des barrages appelés embâcles, qui en rompant peuvent-être à l’origine du déferlement d’une vague vers l’aval, dévastatrice pour les constructions situées dans l’axe d’écoulement du cours d’eau, et provoquant la submersion des constructions proches du fleuve.

La prévention des risques naturels comme celui de la Tempête Alex, qualifié de « Bombe météorologique » par les médias, repose sur une véritable coopération entre les services publics pour permettre l’acquisition, la production et la mobilisation des données et plus largement des données géolocalisées.

L’accessibilité des données géoréférencées

La disponibilité des données géoréférencées tels que les fonds de cartes IGN, le plan cadastral, des photographies aériennes, des images satellites, et orthophotographies contribue à améliorer la connaissance des territoires, en favorise les travaux d’analyse et le développement d’usages innovants.

L’application de la Loi pour une République Numérique de 2016 a facilité l’ouverture de données de nombreuses collectivités ou de l’Etat.

Avec le modèle OpenStreetMap, des efforts importants ont été réalisés par des nouveaux types de contributeurs citoyens qui ajoutent une finesse de qualification des données aux cartes contributives des territoires.

A cela s’ajoute l’accroissement des données non normées et hétérogènes tel que les documents de presse, du web ou des réseaux sociaux…

Le volume de données publiques (ouvertes ou non)  dont nous disposons augmente chaque jour, car la représentation du territoire par les données bénéficient des nouvelles technologies d’acquisition (DRONE, LIDAR, IOT, Téléphonie mobile…) notamment avec le développement des smart Cities.  En parallèle des capacités d’exploitation des données volumineuses ( big data) se développent considérablement grâce à l’intelligence Artificielle (deep learning), la data analyse et la data visualisation.

A ce titre, le Département des Alpes Maritimes à publié en Opendata sur DataSud.fr des données du village de TENDE, issues d’une captation par drone effectuée en Juillet 2019.

Ces données ont fait l’objet de traitements grâce à la technique de photogrammétrie maitrisée par des entreprises locales, permettant de déterminer les dimensions et les volumes des objets ou des bâtiments, à partir de mesures effectuées sur des photographies montrant les perspectives de ces objets. :

  • Une visualisation en 3D du village de TENDE : Une solution, développée par la société IGO permet de produire des modèles 3D de territoires urbains très précis et améliore le réalisme de la visualisation pour des diffusions web très performantes (territoires, projets, patrimoines, villes…)

 

Des données actualisées selon les besoins

La mise en œuvre d’outil cartographique fonctionnel permet de donner des clés d’analyse de la vulnérabilité des territoires aux effets du changements climatique . C’est en partie l’objectif des bases de données tels que Georisques qui sont destinées à mieux connaître les risques sur le territoire.

L’Observatoire National des Risques Naturels (ONRN) permet à tous, professionnels et particuliers, d’accéder facilement aux données relatives aux risques naturels pour une meilleure connaissance de ces phénomènes et de leurs impacts. Cet observatoire permet d’accéder à l’ensemble des Indicateurs « Sinistralité ».
S’agissant des Inondations, vous y trouverez notamment le nombre de reconnaissances Cat Nat par commune ; le Coût moyen par commune des sinistres inondation depuis 1995; la Fréquence des sinistres inondation par commune sur la période 1995-2016, etc…

 

Complémentarité des données satellitaires, aériennes et de terrain pour le suivi de la catastrophe

Création de zonages locaux aériens pour répondre à l’urgence d’évaluer les dégâts.

Dès le 5 octobre 2020, l’Institut national de l’information géographique et forestière (IGN) a fait décoller en urgence un avion pour survoler durant 3 jours les zones sinistrées des vallées et bassins versants des Alpes-Maritimes.

Tempête Alex : les zones sinistrées photographiées par un avion de l’IGN sur DATASud

Cette intervention, demandé par la Direction départementale des territoires et de la mer (DDTM 06) et l’Office national des forêts (ONF) a permis d’effectuer 2 000 prises de vues aériennes très haute résolution ainsi que des relevés LIDAR ( technique de détection par laser permettant d’obtenir une représentation en 3D, sous forme de nuages de points, de la surface du sol.

 

L’IGN diffuse les photos aériennes des zones impactées par les inondations sur le Géoportail et via le site internet dédié à la tempête Alex https://alex.ign.fr/  qui permet de comparer les images avant et après la tempête, de télécharger gratuitement les données et de les visualiser en 3D.

 

 

 

Les données satellitaires pour évaluer les dégâts de la tempête Alex :

Les chercheurs d’ISTerre se sont appuyés sur les données très haute résolution Pléiades obtenues dans le cadre de l’initiative Cellule d’Intervention d’Expertise Scientifique et Technique (CIEST). Des Modèles Numériques de Terrains (MNT) ont été produits  directement après l’évènement (13 oct. 2020) et comparés à un MNT Pléiades produit en octobre 2017 dans la vallée de la Vésubie. La différence de ces 2 MNTs montre des incisions et transport des masses déplacées en fond de vallée atteignant jusqu’à 30m d’épaisseur tout le long de la Vésubie et de ses affluents. Les versants aussi ont été déstabilisés, produisant des mouvements de terrain parfois très épais comme dans le ravin de Pairolière.

Copernicus : le programme européen de surveillance de la Terre pour l’environnement et la sécurité a activité le dispositif Copernicus Emergency Management Service pour suivre cette catastrophe, avec l’acquisition d’imagerie spatiale haute-résolution. Rapidement mobilisables, offrant une vue synthétique ou détaillée selon les besoins, les images satellitaires sont des alliées précieuses dans la prévention, la gestion et l’analyse des crises majeures. Crues, submersion marine, tempêtes, feux de forêts, crises humanitaires… Beaucoup d’événements sont visibles depuis l’espace.

source  Applisat 

Des images Copernicus Sentinel 2 ont été acquises au lendemain de la crue
 

 

 

 

 

Les dégâts sur les réseaux

La tempête Alex a provoqué des importants dégâts sur les réseaux routiers et d’assainissement ou d’eau ainsi que sur les infrastructures de télécommunication ou d’électricité aménagés le long des routes qui ont été emportés ;  il n’y a plus de route d’accès au village de Tende et de nombreuses routes départementales ont été en partie détruites : « On dénombre plus d’une cinquantaine de brèches dans la voirie départementale tout le long de la vallée de la Roya, soit au minimum 25 kilomètres de routes et beaucoup d’ouvrages à reconstruire… », selon les services techniques de la Ville de Menton et de la Communauté d’agglomération de la Riviera française (Carf).

 

 

Les travaux de remise en état des routes vont prendre plusieurs années, et pour informer les différents usagers du réseau routier démoli,  le site web inforoutes 06 donne quotidiennement des informations sur l’état de la circulation.

 

 

La réouverture à la circulation du TER Fontan – Saorge et la mise en fonctionnement d’une gare provisoire à Saint-Dalmas de Tende

La Région a tout mis en œuvre pour intervenir rapidement afin de permettre aux personnes de sortir du village de Tende, pour des urgences médicales ou personnelles, en mettant en place un hélicoptère de secours vers Tende. Dès le 8 octobre, quand la circulation des trains à été rendue possible, la région a réouvert la voie jusqu’à Fontan-Saorge et depuis le 19 octobre 2020, la circulation du Train des Merveilles fonctionne jusqu’à  Saint-Dalmas de Tende.

Voir le reportage sur le train des merveilles à Tende

L’accès en train est essentiel pour les habitants, comme pour l’activité économique de la vallée et faciliter l’acheminement de marchandises. La Région a donc concentré tous ses efforts sur cette voie ferrée afin qu’elle puisse être utilisable. Un travail réalisé conjointement avec SNCF Réseau pour réussir une réouverture jusqu’à Tende d’ici 3 mois.

Le désenclavement de ce secteur fortement touché par les intempéries, permettra une reprise progressive à la vie normale .

Les habitants des Alpes-Maritimes peuvent compter sur la solidarité régionale qui engage un Fonds d’urgence de 10 M€ dédié aux opérations de reconstruction des communes, des terrains agricoles touchés et des entreprises sinistrées. Toutes les informations  du Plan de solidarité régionale pour les Alpes-Maritimes sur le site de la Région Sud : https://www.maregionsud.fr/actualites/detail/le-plan-de-solidarite-regionale-pour-les-alpes-maritimes